Les tensions ethniques au Burkina Faso atteignent un seuil critique, exacerbées par la diffusion de tracts haineux ciblant la communauté peule. Selon un extrait relayé par Sud Quotidien, l’un de ces pamphlets appelle explicitement à la violence en déclarant : « Opération 0 Peulhs activée. Aucun Peulh ne doit survivre. » Une rhétorique glaçante qui rappelle les prémices du génocide rwandais, où la propagation de discours similaires avait précédé l’une des pires tragédies du XXe siècle, ayant coûté la vie à près d’un million de personnes.. Ces contenus incendiaires, largement diffusés sur les réseaux sociaux, semblent être le fait de factions proches de la junte militaire au pouvoir. Un fait d’autant plus préoccupant que l’État burkinabé exerce un contrôle strict sur l’espace médiatique et numérique, restreignant les libertés d’expression et d’information.. Le Burkina Faso, comme d’autres pays de la région, fait face à une montée des discriminations ethniques, alimentées par des amalgames dangereux. La communauté peule se retrouve souvent pointée du doigt en raison de la présence d’un chef jihadiste issu de ce groupe, Amadou Koufa. Or, ses prêches reposent sur une idéologie propre, mêlant réislamisation et révolution sociale, et ne sauraient en aucun cas justifier la stigmatisation d’une population entière.. Les tragédies passées, comme le massacre de 150 Peuls au Mali en 2019, rappellent les risques d’un engrenage de représailles et de violences intercommunautaires. La stigmatisation d’un groupe ethnique sur la base des agissements d’une minorité active constitue un terreau fertile pour les conflits civils, un scénario que l’histoire récente de la région a déjà connu à plusieurs reprises.. Cette montée des tensions ethniques et raciales ne se limite pas à l’Afrique de l’Ouest. En Europe et en Amérique du Nord, les immigrés, les Noirs ou encore les Musulmans font fréquemment l’objet de discriminations, souvent assimilés aux actes criminels d’individus issus de ces communautés. Des figures politiques influentes, à l’instar de Donald Trump ou Viktor Orbán, ont bâti leur popularité sur des discours anti-immigration, renforçant un climat de méfiance et d’exclusion sociale.. Toutefois, dans ces régions, la presse joue un rôle essentiel en dénonçant ces dérives, poussant parfois les responsables politiques à prendre position. En Afrique de l’Ouest, et en particulier au Burkina Faso et au Mali, la question demeure largement taboue. La complicité implicite de certains acteurs politiques et militaires aggrave la situation, transformant une crise sécuritaire en un conflit à forte dimension identitaire.. Face à ces dérives, la vigilance s’impose. L’histoire a démontré à plusieurs reprises que la banalisation des discours de haine précède souvent des catastrophes humaines d’ampleur. Il est impératif que la communauté internationale, les acteurs politiques et la société civile prennent la mesure du danger et œuvrent à désamorcer ces tensions avant qu’elles ne dégénèrent en conflits ouverts.. Le Burkina Faso et ses voisins, riches d’une histoire multiculturelle, ne peuvent se permettre de sombrer dans des violences interethniques aux conséquences irréversibles. L’heure est à l’apaisement, au dialogue et à la préservation des valeurs de coexistence qui ont longtemps fait la force de la région.
Burkina Faso : La haine ethnique attisée, un pas vers l’irréparable ?
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