​De la Sierra Leone à Bignona : le calvaire d’une victime mène au démantèlement d’un réseau de prostitution forcée 

  L’Antenne régionale de Ziguinchor de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et les pratiques assimilées (DNLT) a annoncé, ce jeudi 20 novembre 2025, le démantèlement d’un réseau criminel organisé de traite internationale de personnes opérant entre la Sierra Leone, la Guinée-Conakry et le Sénégal.. Tout a commencé le 17 novembre dernier lorsqu’une jeune Sierra-Léonaise s’est présentée au siège de la DNLTMPA à Dakar pour porter plainte. Recrutée sur Facebook avec la promesse d’un emploi de domestique bien rémunéré au Sénégal, elle avait été acheminée jusqu’à Ziguinchor. À son arrivée, elle a été prise en charge par le compagnon de l’organisatrice du réseau, avant d’être littéralement « vendue » 300 000 FCFA à deux femmes de nationalité nigériane. Conduite ensuite dans un campement isolé du département de Bignona, la victime a subi des rites d’intimidation et des menaces de mort pour l’obliger à se prostituer et à rembourser une prétendue « dette » de 2 000 000 FCFA. Elle a réussi à s’enfuir et à alerter les autorités.. L’enquête, menée tambour battant par les hommes du commissaire Babou Diédhiou, a permis de mettre en lumière une organisation structurée et hiérarchisée :. L’« organisatrice », Sierra-Léonaise, recrutait les victimes sur les réseaux sociaux et les « vendait » une fois arrivées au Sénégal.. Son compagnon sénégalais hébergeait les jeunes femmes à Ziguinchor et assurait la logistique locale.. Une « responsable financière » finançait les déplacements et les opérations.. Une « chargée du transfert » convoyait les victimes jusqu’aux lieux d’exploitation et procédait aux rituels d’intimidation.. Lors de son interrogatoire, le compagnon a reconnu que l’organisatrice avait déjà « vendu » une quinzaine de jeunes filles au prix unitaire de 300 000 FCFA.. Suite aux premières interpellations, deux autres victimes se sont spontanément présentées aux enquêteurs, affirmant avoir été recrutées et exploitées par d’autres membres du même réseau.. Confrontée aux éléments accablants, l’organisatrice a fini par passer aux aveux et reconnaître être la tête pensante de cette entreprise criminelle transfrontalière.. À l’issue de l’enquête, les six membres identifiés du réseau (quatre femmes et deux hommes, de nationalités sierra-léonaise, nigériane et sénégalaise) ont été déférés, ce jeudi 20 novembre, devant le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor. Ils sont poursuivis pour traite des personnes, proxénétisme aggravé, association de malfaiteurs et pratiques assimilées.. Ce coup de filet intervient alors que la Casamance, du fait de sa position géographique et de ses frontières poreuses, est régulièrement citée comme zone de transit et d’exploitation dans les rapports sur la traite des êtres humains en Afrique de l’Ouest.. Les autorités sénégalaises, en collaboration avec leurs homologues sierra-léonaises et guinéennes, ont annoncé l’ouverture d’une coopération judiciaire pour identifier d’éventuelles autres victimes et démanteler les ramifications restantes du réseau.. La traite des êtres humains n’est pas une fatalité. Ce démantèlement montre que la parole des victimes, quand elle est entendue, peut faire tomber des réseaux entiers. Mais quinze jeunes filles « vendues » avant cette affaire, et probablement beaucoup d’autres, rappellent l’urgence d’une vigilance accrue sur les réseaux sociaux et aux frontières. 

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