L’avocat franco-espagnol Juan Branco, connu pour son engagement dans les dossiers sensibles en Afrique, est sorti de sa réserve pour répondre aux récentes déclarations d’un avocat de l’ancien président sénégalais Macky Sall. Dans un texte incisif, l’avocat des victimes de la répression de 2021-2024 dénonce ce qu’il qualifie de « farce judiciaire » orchestrée depuis l’étranger pour influencer l’opinion.. Réagissant à la sortie médiatique d’un avocat venu défendre l’innocence d’un client « qui n’a pas encore été mis en cause », Juan Branco souligne le caractère troublant de cette initiative. « L’avocat qui organise une conférence de presse pour défendre l’innocence d’un client qui n’a pas encore été mis en cause rend un immense service à la lutte contre l’impunité », écrit-il. Mais l’homme de loi s’interroge sur la sincérité de la démarche : « Celui qui le fait pour s’indigner que des pièces ne lui soient communiquées, alors qu’aucun dossier n’a été à ce stade ouvert, interroge. ». “La tragédie devient farce”. Dans un ton plus virulent, Juan Branco fustige le discours d’un avocat qui dénonce de supposés « rapports cachés ». Il rappelle le contexte tragique de la répression sanglante des années 2021 à 2024 au Sénégal, au cours de laquelle des dizaines de citoyens ont perdu la vie.. « Celui qui le fait pour se plaindre de ce qu’il existerait des “rapports cachés”, en un pays où soixante personnes sont mortes et des milliers ont été brisées au motif d’un réel rapport caché par celui qu’il est censé défendre, rend vivante la maxime de Marx, selon laquelle la tragédie devient farce lorsqu’elle se voit répétée. ». Branco rappelle que ces rapports évoqués ne sont en rien secrets, car ils ont été rendus publics par des institutions de premier plan. « Lorsque les rapports qu’il mentionne, loin d’être secrets, sont invoqués publiquement par le FMI lui-même, et ont été élaborés par de grandes entités internationales et privées comme Mazars, on finit de s’en désintéresser. ». “Le ridicule consommé”. L’avocat dénonce ensuite la posture de celui qu’il accuse de vouloir détourner l’attention de l’opinion publique. « Celui qui fait tout cela en s’improvisant expert-comptable dans un pays dirigé par de brillants inspecteurs des finances, pour tenir un discours en réalité purement politique et propre aux débats internes d’un pays, et tentant de faire douter de l’intégrité de hauts-fonctionnaires nommés par son propre client pour en justifier, ne prend qu’un risque. Celui du ridicule consommé. ». “Que Macky Sall parle lui-même”. Dans une conclusion sans appel, Juan Branco interpelle directement l’ancien président sénégalais : « Si Monsieur Macky Sall souhaite se défendre d’accusations qui n’ont pas encore été formulées, qu’il ait le courage de le faire lui-même, et en ses terres. » Et de dénoncer ce qu’il considère comme une manœuvre indigne :. « Pas en dépêchant dans son propre pays, qu’il n’ose plus fréquenter, des étrangers payés rubis sur l’ongle, et ce depuis de longues années, pour servir ses intérêts privés, au détriment de ceux de la société. » Enfin, l’avocat des victimes clôt son texte par une phrase lourde de sens : « Que la dignité revienne. Des hommes sont morts parce que certains en ont manqué. » Un message fort au moment où la justice sénégalaise se redéploie.
Juan Branco tacle la défense de Macky Sall : “Que la dignité revienne”