Me Pierre-Olivier Sur,. Votre présence et vos interventions au Sénégal ne relèvent ni du dévouement désintéressé à la justice ni d’un amour authentique pour les peuples que vous prétendez servir. Elles relèvent d’une stratégie répétée : défendre des hommes et des régimes contestés, multiplier les effets de manche médiatiques, puis exiger respect et crédit moral sans jamais déposer, au grand jour, les preuves qui pourraient soutenir vos affirmations.. Votre clientèle parle pour vous. Vous avez été lié publiquement à la défense de Karim Wade devant la CREI, à des représentations associées à Blaise Compaoré au Burkina Faso, et vous coordonnez aujourd’hui le pool d’avocats de Macky Sall autour de l’affaire dite de la dette cachée. Ces noms renvoient à des dossiers où la société exige des comptes et non des leçons de rhétorique. Choisir systématiquement de défendre des acteurs contestés du pouvoir et en faire le cœur de votre communication publique révèle un choix professionnel clairement politique.. Vos contradictions sont nettes. Vous dénonciez la légitimité de juridictions nationales quand elles menaçaient certains dirigeants, et vous réclamez aujourd’hui au Sénégal des « rapports » comme unique moyen de réfutation médiatique. Vous proclamez la transparence et la stabilité, puis vous déplacez le débat en parlant de « rapports cachés » au lieu d’apporter documents et chiffres. Vous transformez des enquêtes en tribunes publiques, multipliez les conférences de presse et exigez des pièces que vous ne produisez pas intégralement. Cette mécanique est toujours la même : produire du bruit pour noyer l’exigence de preuve.. Pourquoi mandater un avocat quand on n’est pas formellement accusé ? Dans ce cas précis, la démarche revêt une signification politique évidente. Se faire représenter publiquement avant toute mise en cause vise d’abord à verrouiller le récit et à préempter l’opinion. L’avocat devient l’instrument d’une mise en scène destinée à préparer l’opinion à une version favorable, indépendamment de l’avancée réelle des enquêtes. Multiplier conférences, dénonciations médiatiques des enquêteurs et demandes de rapports remplace trop souvent l’apport concret d’éléments comptables et d’audits. Mandater un ténor étranger peut aussi servir à intimider des institutions nationales et à faire peser une pression internationale destinée à ralentir ou décourager des investigations rigoureuses.. Vos contradictions pratiques, documentées par vos choix de clients et vos postures publiques, sont claires : revendiquer la neutralité tout en choisissant systématiquement des clients du pouvoir ; dénoncer la partialité des juridictions quand cela sert un camp et exiger aujourd’hui le respect institutionnel pour protéger un ancien chef d’État ; réclamer la publication de pièces tout en refusant de déposer intégralement vos propres éléments pour examen public. Ce double langage n’est pas une posture judiciaire, c’est une stratégie de contournement.. L’amour d’un pays se prouve par le respect de sa dignité et de sa mémoire. Venir expliquer aux Sénégalais ce qu’ils doivent penser de leurs propres affaires financières et judiciaires sans déposer les documents relève d’une posture condescendante. Si vous affirmez aimer le Sénégal, commencez par accepter le débat contradictoire sur le fond : publiez les audits, mettez sur la table les états de dette, fournissez les pièces que vous invoquez, et engagez-vous à la confrontation publique et technique des chiffres. Sinon, vos discours resteront des pirouettes rhétoriques.. Le Sénégal n’est pas une scène à manipuler. C’est une nation exigeante. Ici, la justice se fait sur la preuve, pas devant les micros. Si votre choix est la démonstration, alors démontrez. Si votre choix est la mise en scène, sachez que la mise en scène ne remplacera jamais la vérité ni la mémoire des victimes.. Le Thie pastef sindia.
La lettre ouverte de “Le Thié” á Me Pierre-Olivier Sur