Au Mali, les habitants de Dianké, situé entre Léré et Niafunké dans la région de Tombouctou, ont dû quitter leur village sous la menace du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda. Les jihadistes ont sommé, mardi 19 février au soir, les habitants de partir. L’armée malienne s’est ensuite rendue dans le village de Dianké, largement déserté par ses habitants.. Les jihadistes du Jnim sont arrivés, mardi 19 février, au crépuscule du soir, et se sont adressés aux villageois rassemblés dans la mosquée.. Selon plusieurs sources locales – habitants et ressortissants de la zone, notabilités de la région de Tombouctou – les jihadistes leur ont ordonné de quitter leur village, sans fournir davantage d’explications. La grande majorité des habitants de Dianké et du hameau voisin de Filiki, par peur, ont immédiatement obtempéré, établissant un vaste campement de fortune à environ deux kilomètres, en brousse. Certains ont ensuite rejoint les villages de Diartou et Sambani. Quelques habitants ont toutefois refusé d’obéir aux jihadistes et sont restés chez eux.. Zone contrôlée par le Jnim. Plusieurs sources expliquent que Dianké se trouve dans une zone contrôlée par le Jnim depuis des années, et s’interrogent sur le motif de cet ultimatum. Certains estiment qu’il s’agit de protéger les civils dans la perspective de futurs combats, d’autres jugent au contraire cette explication peu vraisemblable. Des désaccords ou « incompréhensions » au sein même du Jnim sont également évoqués par une source bien renseignée. En fin de compte, rien de clair à ce stade. Le Jnim, qui communique régulièrement sur ses actions, ne l’a pas fait pour ce déguerpissement – du moins pour le moment.. Depuis, l’armée malienne s’est rendue à Dianké, mais sans prendre position dans le village. Les Forces armées maliennes (Fama) et leurs supplétifs de Wagner disposent d’un camp à Léré, à une vingtaine de kilomètres. Une ville elle-même sous blocus du Jnim : depuis fin novembre 2024, seuls les véhicules militaires parviennent encore à entrer et sortir de Léré. Mercredi soir, après le départ des militaires, les jihadistes sont revenus à Dianké pour répéter leurs menaces et sommer ceux qui ne l’avaient pas encore fait de quitter le village – sans violence, jusqu’ici.. Armée prête pour une éventuelle attaque. Sollicités par RFI, ni l’armée malienne, ni le gouvernorat de Tombouctou n’ont donné suite. Mais une source sécuritaire malienne assure que les militaires et leurs partenaires russes se tiennent prêts pour une éventuelle attaque. Plusieurs sources s’interrogent avec angoisse sur la suite des événements : les populations ont désormais peur d’être considérées comme des collaborateurs de l’armée par le Jnim, ou comme des complices des jihadistes par les militaires. Et d’être traitées comme tels.
Mali: le village de Dianké, a été déserté sous la menace du Jnim
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