​Moody’s dégrade la note du Sénégal de B1 à B3 avec une perspective négative 

  L’agence de notation new-yorkaise Moody’s a abaissé, le 21 février 2025, la note souveraine du Sénégalde B1 à B3, avec une perspective négative. Cette décision, qui clôt un examen entamé en octobre 2024, repose sur la « découverte d’un fardeau de la dette publique bien plus lourd que prévu ». Selon un rapport récent de la Cour des comptes, la dette publique centrale s’élevait à 99,7 % du PIB en 2023, soit 25 points de pourcentage de plus que les chiffres officiels publiés auparavant.. L’audit de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025, met en lumière « d’importants écarts comptables » dans la gestion budgétaire du pays. L’ampleur des dettes cachées, notamment celles contractées auprès des banques locales et des partenaires financiers internationaux, a conduit Moody’s à réévaluer la vulnérabilité économique du Sénégal.. En 2024, la dette publique pourrait atteindre « 107 % du PIB », accentuée par un déficit budgétaire massif de « 11,6 % du PIB » selon la loi de finances rectificative. Ce niveau place le Sénégal bien au-dessus de la médiane des pays notés B, où l’endettement moyen est de « 49 % du PIB. ». Des besoins de financement colossaux. La pression financière sur le gouvernement sénégalais est d’autant plus forte que « les besoins bruts de financement pour 2025 représentent 20 % du PIB, avec des paiements d’amortissement estimés à 2 900 milliards de FCFA (12,8 % du PIB) ». De plus, la dette garantie par l’État atteint désormais « 11 % du PIB, un chiffre quatre fois supérieur aux déclarations antérieures des autorités. ». Cette situation fragilise la capacité du Sénégal à mobiliser des financements sur les marchés internationaux.. Moody’s souligne également « de graves défaillances dans la gestion des finances publiques. » En effet, Le rapport de la Cour des comptes met en évidence des pratiques troublantes sous l’administration précédente à savoir » des dépenses extrabudgétaires non déclarées, des avances du Trésor non régularisées ainsi qu’une comptabilité incomplète des financements externes. ». Face à cette crise de gouvernance, le gouvernement actuel a promis « des réformes pour renforcer la transparence budgétaire ». Par conséquent, la perspective négative attribuée par Moody’s reflète les risques liés : « À la capacité du pays à réduire son déficit et à stabiliser sa dette. Aux tensions sur la liquidité du gouvernement. À l’accès aux financements internationaux à des taux abordables. ». L’objectif affiché du Sénégal de ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB d’ici 2027semble ambitieux au regard du passif accumulé. Entre 2019 et 2023, le déficit moyen s’est établi à 11,1 % du PIB, bien au-delà des projections actuelles, a souligné l’agence de notation.. Toutefois, une amélioration de la notation dépendra de la capacité du gouvernement à « mettre en place des réformes structurelles, à réduire efficacement la dette et à rétablir la confiance des créanciers ». Dans le cas échéant, une nouvelle dégradation pourrait survenir si les financements deviennent plus difficiles à obtenir ou si les indicateurs budgétaires continuent de se détériorer. 

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *