La justice sénégalaise est à l’œuvre, et ce que nous vivons aujourd’hui est sans précédent dans l’histoire de notre démocratie. À travers l’interpellation d’anciens ministres, directeurs généraux, DAGE et hauts fonctionnaires dans le cadre de la reddition des comptes, un signal fort et salutaire est envoyé à toute la République. Nul n’est au-dessus de la loi.De Ismaïla Madior Fall à Sophie Gladima, de Moustapha Diop à Salimata Diop Dieng, en passant par Mansour Faye, l’État opte résolument pour la transparence, la fin de l’impunité et le respect du bien public.. La mise sous mandat de dépôt de certains, le placement sous bracelet électronique d’autres, et les inculpations prononcées par la Haute Cour de Justice révèlent l’ampleur des dérives du régime de Macky Sall dans la gestion des ressources publiques, notamment les fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19.. Cette dynamique de reddition des comptes, longtemps réclamée par les citoyens et portée par les forces vives de la nation, trouve enfin une concrétisation à la hauteur des attentes.. L’argent du contribuable est sacré. Sa mauvaise gestion ou son détournement ne saurait être toléré. Certains mis en cause ont tenté de recouvrer leur liberté en versant des cautions colossales, mais cela ne saurait effacer leurs responsabilités. Il ne s’agit nullement de saluer une quelconque coopération. Payer pour recouvrer la liberté n’est qu’un moyen juridique, et non un acte de vertu. La justice doit aller jusqu’au bout pour rétablir la confiance.. Elle ne doit ni fléchir face aux pressions politiques, ni céder aux campagnes de victimisation orchestrées par ceux qui hier encore s’érigeaient en intouchables.. Pendant que des milliards ont été détournés, le pays continue de souffrir d’un cruel déficit d’infrastructures. Nos hôpitaux sont débordés, nos écoles délabrées, nos routes impraticables, et nos universités en sous-capacité. Ce contraste entre les fortunes injustement amassées et les souffrances du peuple constitue une trahison de l’idéal républicain. Gouverner, ce n’est pas s’enrichir, c’est servir. Et tout manquement à cette mission sacrée appelle des comptes.. Les hommes naissent libres et égaux en droits. Cette égalité doit aussi se traduire devant la loi. L’impunité, longtemps érigée en système, a creusé le fossé entre gouvernants et gouvernés. Le Sénégal tourne aujourd’hui une page.. La reddition des comptes n’est pas une chasse aux sorcières, mais une exigence de justice, d’équité et de bonne gouvernance.. Pour aller plus loin, il est temps d’engager une réflexion nationale sur la criminalisation du détournement de deniers publics, afin de renforcer notre arsenal juridique. Il ne suffit plus de poursuivre et d’incarcérer. Il faut inscrire dans la loi que tout détournement de fonds publics constitue un crime majeur contre la Nation, avec des sanctions dissuasives, y compris la déchéance des droits civiques et l’interdiction définitive d’exercer toute fonction publique. Cette réforme permettrait de garantir la dissuasion, la récupération intégrale des fonds, et la moralisation durable de la gestion publique.. Le peuple sénégalais observe, juge, et soutient. Il appartient désormais aux institutions judiciaires de confirmer cette confiance en faisant de la justice un véritable pilier de notre État de droit.. Moustapha Ndiaye. Conseiller municipal. Responsable politique Pastef-Mbao
Reddition des comptes: un tournant historique pour la justice et l’État de droit(CONTRIBUTION)
