​Septembre mandingue en danger : Appel à la responsabilité territoriale ( Par Le Thie) 

  Mbour, août 2025 – Une décision préfectorale récemment publiée (Arrêté n°000309 du 28 août 2025) autorise neuf structures à organiser la cérémonie traditionnelle de circoncision dans le département de Mbour, du 5 août au 5 septembre 2025. Si cette mesure semble administrative et encadrée, elle soulève une inquiétude profonde : la réduction du Septembre Manding à une simple opération rituelle, au détriment de sa portée culturelle, économique et mémorielle.. ⚠️ Un mois vital menacé. Le Septembre Manding, tel qu’il est vécu depuis des décennies, est bien plus qu’une période d’initiation. C’est un mois de transmission intergénérationnelle, de célébration artistique, de mobilisation communautaire et de rayonnement touristique.. Chaque année, ce mois génère une activité économique supérieure à celle de plusieurs mois cumulés dans le département. Il attire des visiteurs nationaux et internationaux, stimule les commerces locaux, et renforce les liens sociaux entre les différentes communautés.. Réduire cette dynamique à une fenêtre administrative de 30 jours, sans intégrer les dimensions culturelles et festives, risque de provoquer des frustrations, des tensions, voire des troubles regrettables. Le silence des autorités locales face à cette réduction est une alerte que nous ne pouvons ignorer.. 🛡️ Le Kankouran : patrimoine vivant et moteur de paix. Le Kankouran, figure centrale du Septembre Manding, est bien plus qu’un masque. Il est gardien de la tradition mandingue, protecteur des jeunes initiés, et symbole de justice et de discipline communautaire.. En 2021, l’UNESCO a officiellement inscrit le Kankouran au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, reconnaissant son rôle fondamental dans la préservation des valeurs africaines, la transmission des savoirs et la promotion du vivre-ensemble.. Cette reconnaissance internationale impose une responsabilité collective : protéger, valoriser et encadrer le Kankouran, non pas en l’enfermant dans une logique sécuritaire, mais en l’intégrant dans une stratégie culturelle, touristique et éducative.. 🧭 Proposition de sortie de crise. Face à cette situation, nous proposons :. – La mise en place d’un Comité Territorial de Coordination du Septembre Manding, incluant les autorités préfectorales, les associations Dimbaya, les leaders culturels et les représentants citoyens.. – L’élargissement du calendrier officiel, pour intégrer les activités artistiques, pédagogiques, linguistiques et touristiques liées au Kankouran.. – La création d’un plan de sécurisation et de valorisation, en lien avec les services de santé, d’éducation et de culture, pour encadrer les parades, les cérémonies et les ateliers.. ✊🏾 Préserver l’essence, éviter la fracture. Nous ne sommes pas dans une logique de confrontation.. Nous sommes dans une logique de préservation, de reconnaissance et de co-construction.. Le Septembre Manding est une mémoire vivante, une école de valeurs, une vitrine culturelle.. Le Kankouran est un symbole de paix, reconnu mondialement.. Mbour ne peut pas se permettre de perdre ce mois. Le Sénégal ne peut pas ignorer cette alerte.. 🚧 Pourquoi nous refusons l’interdiction de la route nationale. L’interdiction faite aux parades du Kankouran d’emprunter la route nationale est une mesure que nous contestons pour plusieurs raisons :. – La route nationale est un axe de vie communautaire, pas un espace réservé à la circulation automobile. Elle traverse nos quartiers, nos marchés, nos lieux de mémoire.. – Les parades du Kankouran sont des moments de cohésion sociale, où les familles, les enfants et les anciens se rassemblent pour célébrer leur identité. Les exclure de cet espace, c’est les marginaliser.. – La route nationale est aussi un espace de visibilité culturelle : les touristes, les passants, les médias y découvrent la richesse du Septembre Manding. L’interdiction nuit à cette vitrine.. – La sécurité ne doit pas servir de prétexte à l’effacement culturel. Il est possible d’encadrer les parades avec les forces de l’ordre, les volontaires communautaires et les associations locales.. – Empêcher le Kankouran d’emprunter la route nationale, c’est nier son rôle de régulateur social, de protecteur visible, de figure publique reconnue par l’UNESCO depuis 2021.. Nous demandons donc une régulation intelligente, pas une interdiction brutale.. La route nationale appartient aussi à la culture.. Ajoute aussi cette partie dans le texte .si tu es d’accord avec moi. Tous les Mbourois sont interpellés. Tous les citoyens sont concernés.. LE THIÉ – PASTEF Sindia. Leader territorial, stratège culturel et défenseur de la dignité communautaire.