Dans un moment chargé d’émotion et de symbolisme historique, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a remis ce jeudi, au Palais présidentiel, le tant attendu Livre blanc sur le massacre de Thiaroye au chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. Cette cérémonie, qui s’est déroulée à 16h30, marque une étape décisive dans la quête de vérité et de justice pour les victimes de cette tragédie coloniale survenue il y a 81 ans.. Le contexte d’un drame occulté pendant des décennies. Le 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, en banlieue de Dakar, des tirailleurs sénégalais – ces soldats africains enrôlés de force par la France pendant la Seconde Guerre mondiale – ont été massacrés par l’armée coloniale française. Revenus d’Europe après avoir combattu aux côtés des Alliés contre le nazisme, ces hommes réclamaient simplement le paiement de leurs soldes et une démobilisation digne. Ce qui suivit fut un bain de sang : des fusillades indiscriminées qui firent, selon les estimations historiques, entre 35 et 400 morts, un bilan officiel longtemps minimisé par les autorités françaises.. Pendant des décennies, cette page noire de l’histoire a été reléguée aux oubliettes, victime d’une amnésie coloniale. Ce n’est qu’en novembre 2024, à l’occasion du 80e anniversaire, que le président français Emmanuel Macron a qualifié les événements de “massacre” dans une lettre adressée à son homologue sénégalais. Un aveu tardif, mais qui a ouvert la voie à une commémoration nationale sans précédent au Sénégal, orchestrée par le gouvernement Faye-Sonko.. Un Livre blanc fruit d’un travail collectif et rigoureux. Le document remis aujourd’hui est le fruit de plusieurs mois de recherches menées par un comité ad hoc, dirigé par le professeur Mamadou Diouf et piloté par le Premier ministre Ousmane Sonko lui-même. Ce Livre blanc, d’une quarantaine de pages environ, compile archives, témoignages oraux, analyses historiques et résultats préliminaires de fouilles archéologiques lancées en février 2025 sur le site du cimetière militaire de Thiaroye. Il vise à lever le voile sur les zones d’ombre persistantes, notamment le bilan exact des victimes et les responsabilités précises des officiers français impliqués.. “S’inscrivant dans un élan de souveraineté mémorielle, ce rapport accuse frontalement la France de retenir des archives essentielles”, a déclaré une source gouvernementale lors de la remise. Le Sénégal, sous l’impulsion de son duo présidentiel progressiste, refuse désormais la version édulcorée des faits et appelle à une reconnaissance pleine et entière, incluant des réparations symboliques et matérielles.. Lors de la cérémonie, Ousmane Sonko, figure emblématique de la résistance anticoloniale et panafricaine, a prononcé un discours poignant, soulignant que “Thiaroye n’est pas seulement un crime contre des Sénégalais, mais contre l’humanité entière. Ce Livre blanc est notre arme pour que plus jamais l’histoire ne soit confisquée.” Le président Bassirou Diomaye Faye, ému, a accueilli le document en exhortant son Premier ministre à “valoriser cette mémoire comme un pilier de notre identité nationale”, évoquant déjà la création d’un Musée-Mémoire-Cimetière à Thiaroye pour perpétuer le souvenir des tirailleurs.. Une remise qui résonne au-delà des frontières. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique plus large impulsée par le gouvernement Faye-Sonko depuis l’élection de ce dernier en mars 2024. Successeur désigné d’Ousmane Sonko – libéré de prison grâce à une loi d’amnistie –, Diomaye Faye a fait de la restitution mémorielle un axe prioritaire de sa présidence. Les commémorations du 80e anniversaire, en décembre 2024, avaient déjà réuni des milliers de personnes et attiré l’attention internationale, avec la participation symbolique d’Emmanuel Macron.. Sur les réseaux sociaux, l’événement a suscité une vague de réactions enthousiastes. Des posts partagés en direct montrent le Premier ministre tendant solennellement le document au président, sous les applaudissements d’une délégation composée d’historiens, de vétérans et de représentants de la diaspora. “Un pas de géant vers la vérité historique”, commente un utilisateur sur X, tandis que d’autres appellent à une diffusion massive du Livre blanc dans les écoles sénégalaises.. Vers une réconciliation apaisée et une justice historique. Au-delà de la symbolique, cette remise ouvre la porte à des actions concrètes : poursuite des fouilles archéologiques pour identifier les corps, intégration du massacre dans les programmes scolaires, et négociations bilatérales avec la France pour l’accès aux archives classifiées. Le Sénégal, berceau des tirailleurs, se positionne ainsi comme un leader en matière de décolonisation de la mémoire.. En remettant ce Livre blanc, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ne se contentent pas de panser les plaies du passé ; ils forgent un avenir où la dignité des ancêtres illumine le chemin des générations futures. Thiaroye, hier lieu de deuil, pourrait bien devenir demain un sanctuaire de la résilience africaine.
Un geste symbolique pour la mémoire collective : Ousmane Sonko remet le Livre blanc du massacre de Thiaroye à Bassirou Diomaye Faye
