Le Collectif pour la reconstruction du Pont Émile Badiane de Ziguinchor est monté au créneau pour alerter les hautes autorités sur la menace que constitue l’état de dégradation avancé de cette infrastructure vitale pour l’économie du pays.Dans cet entretien, son Président, M. Aliou Djiba revient sur les tenants et aboutissants de cette cause noble et le sens de leur plaidoyer non seulement pour le développement endogène mais aussi celui du Sénégal voire de la sous – région. Entretien.. Présentez -vous à nos lecteurs ?. Je m’appelle Aliou Djiba. Je suis le Président du Collectif pour la reconstruction du pont Émile Badiane. Ce collectif a été fondé dans un contexte de préoccupation urgente pour la sécurité des habitants de Ziguinchor et de toute la région voire de la sous-région .. En effet, le pont Émile Badiane qui relie des zones cruciales pour la circulation et le développement local, est aujourd’hui dans un état de dégradation avancé et présente un risque d’affaissement.. C’est pourquoi nous avons jugé nécessaire de lancer cette initiative pour alerter et sensibiliser et le gouvernement et les autorités compétentes sur la gravité de la situation.. » Un ouvrage moderne et sécurisé qui répondrait aux défis actuels tout en apportant un réel bénéfice pour les générations futures ». Quel est l’objectif visé à travers ce plaidoyer?. Notre objectif est clair : prévenir tout accident tragique et éviter les pertes humaines ou matérielles en demandant une intervention immédiate. Car la reconstruction est désormais une urgence absolue. Et il est impératif donc de mettre en place des mesures concrètes pour garantir la sécurité des usagers.. Ce projet de reconstruction ne se limite pas à un simple remplacement d’infrastructures.. Il s’agit également de répondre à un besoin de modernisation.. Étant donné que la reconstruction d’un nouveau pont adapté aux standards modernes permettrait de garantir une meilleure circulation tout en renforçant l’accessibilité et la connectivité entre les différents régions du pays.. Ce faisant, la population de Ziguinchor mais aussi de toute la région serait particulièrement enthousiaste et soulagée de voir un nouveau pont de dernière génération sortir de terre.. Parce qu’il constitue ou constituerait un ouvrage moderne qui répondrait aux défis actuels tout en apportant un réel bénéfice pour les générations futures.. Ce projet n’est pas seulement une question de reconstruction mais c’est aussi une vision pour l’avenir de notre région et de notre pays.. D’autant que nous croyons fermement que la reconstruction du pont Émile Badiane n’est pas seulement une nécessité technique mais également un investissement dans la sécurité, le développement économique et le bien-être de notre communauté.. « L’alerte a été donnée par plusieurs observations sur le terrain : les fissures, les affaissements et l’usure des structures qui mettent en péril la sécurité des personnes qui empruntent quotidiennement ce pont ».. Alors d’où est née l’idée de porter un plaidoyer pour la célérité des travaux de reconstruction du pont en question ?. Cette idée est née suite aux deux accidents qui se sont passés sur le pont Émile Badiane.. En effet, dans la nuit du mercredi 31 juillet au 1er août 2019 , un camion chargé de marchandises a écrasé les barrières du pont vers 3 h du matin et a fait une chute spectaculaire du haut du pont et est tombé dans le fleuve Casamance faisant un blessé et deux personnes portées disparues.. Ensuite le samedi 7 août 2021 , un autre camion gros porteur de transport de marchandises a terminé sa course dans le fleuve Casamance après avoir percuté les garde -fous du pont faisant un disparu et un blessé. Il s’agit là d’un deuxième accident à l’ intervalle de deux ans sur le pont Émile Badiane. Et puisque la coupe est pleine, il était suffisant pour amener les fils du Sénégal établis au pays et ceux installés au niveau de la Diaspora à se regrouper autour de l’idéal pour sensibiliser le gouvernement du Sénégal sur l’état très avancé du pont et d’exiger sa reconstruction urgente en raison des risques d’effondrement du pont.. Ce qui engendrerait une catastrophe humaine, une paralysie de l’économie sous-régionale car le pont Émile Badiane est bâti sur une route CEDEAO.. Par ailleurs, en tant que citoyen de Ziguinchor et en tant que Président du Collectif pour la reconstruction du pont Émile Badiane, j’ ai constaté de mes propres yeux les risques que comporte le mauvais état du pont, non seulement pour la sécurité des usagers mais aussi pour l’économie locale qui repose en grande partie sur la fluidité des échanges entre différentes zones.. Étant donné que l’alerte a été donnée par plusieurs observations sur le terrain : les fissures, les affaissements et l’usure des structures qui mettent en péril la sécurité des personnes qui empruntent quotidiennement ce pont ; les habitants, les commerçants et même les autorités locales ont exprimé leurs inquiétudes face à la lenteur des actions entreprises pour résoudre ce problème.. Cette situation m’a poussé à prendre l’initiative de créer un collectif qui vise à accélérer les travaux de reconstruction et à attirer l’attention des pouvoirs publics sur l’urgence de la situation.C’est donc un appel à la mobilisation, une invitation à ce que nous prenions toutes les mesures de cette urgence et que le gouvernement accorde la priorité à la reconstruction du pont Émile Badiane.Cette démarche n’est pas uniquement motivée par un souci de sécurité, mais aussi par la volonté d’assurer un meilleur avenir pour Ziguinchor et ses environs.. « Une cagnotte a également été lancée pour souligner l’urgence de la situation et inciter les autorités compétentes à réagir.. Nous chercherons également à établir des partenariats avec des organisations de la société civile pour renforcer notre action ».. Comment comptez-vous y prendre ?. Depuis la création du Collectif, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons mis en place plusieurs actions pour pouvoir réussir ce projet. Nous avons entamé une campagne de sensibilisation à travers des assemblées générales, des conférences de presse et une diffusion de notre message via les médias.. Une cagnotte a également été lancée pour souligner l’urgence de la situation et inciter les autorités à réagir.. Parallèlement, nous entamerons des démarches auprès des autorités locales et nationales pour insister sur la nécessité de prendre des mesures immédiates. Nous chercherons également à établir des partenariats avec des organisations de la société civile pour renforcer notre action.. » Nous espérons sincèrement qu’avant d’ entreprendre d’autres actions, des décisions concrètes seront prises par le gouvernement du Sénégal pour entamer la reconstruction du pont Émile Badiane. (…) Nous le souhaitons de tout cœur et restons déterminés à continuer notre engagement pour cette cause ».. Quelles sont les solutions à préconiser pour une action harmonisée avec les ayants -droit?. Nous avons pris plusieurs mesures concrètes et réfléchies pour garantir une action harmonisée et impliquante avec les ayants- droit , en nous assurant que tous les acteurs clés de la région soient associés au processus dès le début.. En effet, dès la création du collectif, nous avons rédigé un mémorandum détaillé que nous avons remis aux autorités religieuses, coutumières et administratives, aux chefs de garage de Ziguinchor, à l’ ancien proviseur du lycée Djignabo ( M. Nouha Cissé, ndlr) , au Maire de Ziguinchor ( Ousmane Sonko, ndlr) et aussi à d’autres personnes ressources de la région de Ziguinchor.. Cette démarche visait donc à les informer et à les associer activement au projet en vue de les engager pleinement dans la reconstruction du pont Émile Badiane. L’ objectif était d’assurer leur adhésion à la cause , car ces acteurs sont pour la plupart des usagers directs du pont au quotidien. Leur soutien est donc essentiel pour garantir l’efficacité et la pérennité de l’initiative.. Nous avons également à cet effet veillé à ce que les ayants -droit soient informés de manière transparente sur les enjeux du projet pour qu’ils puissent comprendre les raisons de notre démarche et y participer activement. Cela faisait partie de notre volonté de créer une dynamique collective forte autour de ce projet de reconstruction en faisant en sorte que chacun se sente impliqué et responsabilisé.. En parallèle, nous avons adressé des correspondances aux autorités compétentes pour attirer leur attention et les inviter à prendre des mesures concrètes.. Ce retard dans la prise en charge de ce dossier nous a poussés à chercher une alternative pour montrer notre détermination à faire avancer les choses. C’est ainsi que nous avons lancé une cagnotte non seulement pour impulser un élan d’action mais aussi pour envoyer un message fort au gouvernement que nous sommes prêts à contribuer même de manière symbolique à la reconstruction du pont. Nous avons lancé cet appel à la solidarité et invitons tous les sénégalais et particulièrement les casamançais à se joindre à cette action.. Car nous croyons profondément que cette démarche collective doit venir de nous-mêmes, de notre propre volonté afin de faire passer un message fracassant et retentissant aux générations futures.. C’est une action salutaire, un exemple de citoyenneté active qui peut inspirer ceux qui viendront après nous. Nous espérons sincèrement qu’ avant d’ entreprendre d’autres actions, des décisions concrètes seront prises par le gouvernement pour entamer la reconstruction du pont Émile Badiane.. Nous le souhaitons de tout cœur et restons déterminés à continuer notre engagement pour cette cause.. En tant que Président du Collectif pour la reconstruction du pont Émile Badiane, je tiens à saluer et à rendre hommage à l’ engagement constant et inébranlable de tous les membres du Collectif.. Qu’ils soient ici au Sénégal ou dans la diaspora, leur dévouement à cette cause est une source d’inspiration. Jamais ils n’ont failli à leurs obligations. Toujours prêts à s’investir pleinement pour la reconstruction de ce pont vital pour notre région.. Je tiens à les encourager à faire preuve de patience car le chemin que nous traçons ensemble exige de la persévérance mais je suis convaincu que notre travail finira par porter ses fruits.. Du côté du gouvernement, je cherche instamment l’engagement concret et rapide dans la pose de la première pierre, comme l’a annoncé le Ministre Yancoba DIEME.. Nous espérons vivement donc que cette volonté se traduise par des actions concrètes dans les prochains jours car l’urgence de la situation n’est plus à démontrer.. Le moment est venu de faire avancer ce projet dans les meilleurs délais.. Cela dit, je m’ adresse également à la population sénégalaise et en particulier à celle de la Casamance pour leur rappeler l’importance de s’impliquer davantage dans le développement de leur propre région.. C’est dans cette dynamique que le Sénégal doit évoluer. Un Sénégal fort et prospère sera celui qui se développera grâce à l’ implication de ses fils et filles qui investiront dans leur propre terroir. Nous devons dépasser les mentalités révolues et embrasser les valeurs de solidarité, d’autonomie et de développement endogène pour bâtir un pays qui prenne son destin en main en s’appuyant sur ses propres ressources humaines et financières.. Un Sénégal moderne, guidé par la vision de ses enfants, capables de relever les défis du XXIe siècle avec fierté et détermination.. Propos recueillis par Jean DIATTA (Ziguinchor).
Ziguinchor : M. Aliou Djiba revient sur l’état alarmant du pont pont Émile Badiane
