Dakar, 02 décembre 2025 — Plusieurs organisations panafricaines sénégalaises se sont réunies ce mardi à Dakar pour exprimer leur solidarité au peuple de Guinée-Bissau, plongé dans une crise politique profonde depuis les récents événements entourant le scrutin présidentiel. La conférence de presse a été marquée par la présence remarquée de Gisèle Lopés d’Almeida, députée cap-verdienne pour l’Afrique, connue pour ses positions fermes en faveur de la démocratie dans la sous-région.
Dans un discours au ton particulièrement incisif, la parlementaire a dénoncé ce qu’elle qualifie de « simulacre de coup d’État » orchestré par le président sortant Umaro Cissokho Embaló et une partie de la junte en place.
« Dans quel film sommes-nous exactement ? » Une dénonciation sans détour
Pour Gisèle Lopés d’Almeida, la rhétorique d’un coup d’État tombe à plat.
Elle ironise : « Un homme qui quitte son pays escorté par 25 véhicules, dont une ambulance, ce n’est pas un chef d’État renversé : c’est un chef d’État en mission. »
Selon elle, la mise en scène ne peut tromper personne.
Elle accuse la CEDEAO d’être complice d’un « hold-up électoral », en fermant les yeux sur les violations des droits politiques et démocratiques en Guinée-Bissau.
Domingos Simões Pereira, symbole d’une opposition muselée, la députée Cap-Verdienne est revenue longuement sur la situation de Domingos Simões Pereira, Président du PAIGC, empêché selon elle d’exercer son rôle politique depuis plus de six ans. Suspension illégale de l’Assemblée nationale, invalidation de candidature, diffamation, intimidations, harcèlement judiciaire : la liste des accusations est longue.
Elle rappelle également que lors du centenaire d’Amílcar Cabral organisé au Sénégal, Domingos Pereira n’avait même pas pu quitter la Guinée-Bissau, preuve selon elle d’un musellement « systématique ».
« Où était la CEDEAO ? Où était l’Union africaine ? »
L’oratrice a vivement critiqué le silence et l’inaction des organisations régionales face à ce qu’elle qualifie de « violations flagrantes du droit démocratique ».
Elle juge incohérent le communiqué récent de l’Union africaine demandant la libération d’Embaló, estimant que l’organisation entretient la confusion sur la réalité des événements.
Selon les informations relayées lors de la conférence, le président de la Commission nationale des élections de Guinée-Bissau a confirmé que les résultats ne peuvent être publiés.
La raison avancée est simple. L’armée aurait envahi les locaux de la CNE, détruit le matériel informatique et emporté les procès-verbaux régionaux. Pourtant, précise la députée, « tous les partis disposent des photos des PV », qui donneraient Fernando Dias vainqueur de l’élection.
Accusations de népotisme : Gisèle Lopés d’Almeida a également dénoncé le caractère « clanique » du système mis en place autour d’Embaló, affirmant que son aide de camp serait son oncle et une grande partie de ses ministres des proches parents.
Une situation qu’elle juge « incompatible avec les standards démocratiques ».
La conférence s’est conclue par un message fort adressé au peuple de Guinée-Bissau :
(Peuple de Guinée-Bissau, n’ayez pas peur… Nous sommes avec vous.)
« La CEDEAO doit redevenir la CEDEAO des peuples »
Les organisations présentes demandent à la communauté internationale, et particulièrement à la CEDEAO, de réaffirmer leur mission première : la défense des peuples africains et de leur souveraineté démocratique, et non la protection de régimes en place.
Cet article Les organisations panafricanistes Sénégalaises affichent leur solidarité au peuple de Guinée-Bissau est apparu en premier sur KEWOULO.