Président du comité de commémoration du massacre de Thiaroye, le professeur Mamadou Diouf est convaincu qu’à travers ce Livre blanc, notre pays s’est résolument engagé à rétablir la vérité sur ce drame.. Dans son discours prononcé, jeudi, à l’occasion de la cérémonie de remise officielle du Livre blanc sur le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye au chef de l’État, le Pr Mamadou Diouf, président du comité de commémoration, a déclaré que ledit livre est le fruit d’un travail approfondi de recherche, de documentation et de concertation. Il vise à éclairer les circonstances du massacre, à rendre hommage aux victimes et à promouvoir une reconnaissance historique partagée entre les nations concernées.. « La mission confiée au comité fut noble et périlleuse à la fois — politique, académique — menée avec rigueur, ouverture et respect des approches plurielles », a-t-il déclaré.. L’historien de l’Université Columbia de New York a, en outre, souligné que lui et ses équipes ont mobilisé les ressources documentaires avec leurs approches diverses, afin de réunir les informations et établir les motifs récurrents dans les récits.. « Le Livre blanc est un exercice de reprise du droit », a-t-il fait remarquer. « En s’imposant la triple tâche de la reconnaissance, de l’établissement des faits et de la transmission, l’État sénégalais s’est engagé à dresser un état des lieux des événements ayant conduit au massacre, à rétablir la vérité des faits, et à élaborer un programme de recherche et de publication pour continuer à éclairer cet épisode tragique », a encore dit le Pr Diouf, se réjouissant de la confiance des autorités étatiques, qui ont soutenu cette entreprise avec constance et respect, sans jamais enfreindre les règles qui régissent un travail scientifique rigoureux.. De son avis, « l’exigence d’exhumer cette histoire entravée, de rompre le silence, de commémorer le massacre, d’établir les faits avec rigueur, témoigne d’une volonté de nourrir la conscience panafricaine, en considérant le massacre ailleurs comme le récit d’une conjonction entre des promesses d’émancipation ».. Plus encore, a-t-il insisté, Thiaroye est un site de mémoire pour renforcer l’unité du continent. À ce titre, il a rappelé l’importance d’une commémoration orientée vers la construction de l’austérité collective, l’inscription de notre présence dans le temps du monde, et la rupture avec le consensus du silence, de la discrimination et de l’interdit.. Le président du comité de commémoration a ainsi affirmé qu’il s’agit, dans ce Livre blanc, « de narrer notre propre histoire hors du soliloque, d’affirmer notre pouvoir, notre autorité, notre liberté, notre souveraineté », saluant la présence des pays frères du Sénégal lors du 80e anniversaire, qu’il a qualifiée de moment de solidarité et de dignité.. « Elle a renforcé notre détermination et souligné le rôle essentiel de la mémoire collective dans la construction de cette histoire commune avec les pays africains engagés », a-t-il ajouté.. Vers l’érection d’un mémorial et d’un centre de documentation dédiés aux Tirailleurs. Lors de la célébration des 80 ans de ce drame, le 1er décembre dernier, le chef de l’État avait annoncé qu’au nom de la « réappropriation » de cette histoire, Thiaroye serait intégré aux programmes scolaires. Un mémorial y sera érigé et un centre de documentation et de recherche créé.. Pour M. Diouf, ce lieu de recueillement et de transmission sera ouvert à tous les pays et au grand public. Il a également indiqué que la création d’un centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs, au sein de ce lieu de mémoire, permettra de recueillir des archives et des témoignages, et de soutenir la recherche et l’éducation autour de cette histoire.. « Nous avons également pris des engagements pour inscrire durablement cette mémoire dans notre quotidien : la nomination de rues en hommage aux tirailleurs — ce processus a déjà commencé —, l’introduction de cette histoire dans les curricula éducatifs, afin de permettre aux générations futures de développer une conscience éclairée par cet héritage. Enfin, la Journée du Tirailleur, fixée au 1er décembre, sera désormais un rendez-vous annuel de commémoration et de transmission».. Salla GUEYE
Pr Mamadou Diouf, président du comité de commémoration du massacre de Thiaroye : « Le Livre blanc est un exercice de reprise du droit »
